Gabrielle Lachance, une chrétienne engagée pour la justice sociale

Gabrielle LachanceBien qu’elle était laïque, Gabrielle Lachance a passé toute sa vie à vivre et à promouvoir les enseignements sociaux de la religion catholique. Pour mener à bien cet engagement, elle a parcouru le monde et occupé de nombreux postes de direction dans des organisations vouées à la coopération et à la justice sociale. Elle s’est éteinte le 24 octobre 2014 à la suite d’un infarctus à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

Née dans une famille de huit enfants dans le quartier Riverbend à Alma, Gabrielle Lachance est très tôt sensibilisée aux disparités sociales. Fondé pour accueillir des travailleurs et des cadres anglophones, Riverben a la réputation d’être au cœur d’une ségrégation spatiale où les cadres anglophones importants vivent dans d’imposantes maisons le long de la rivière et les employés dans une rue beaucoup moins attrayante. Témoin de cela et refusant ce type d’injustice, elle fait son entrée à l’Institut séculier Les Oblates Missionnaires de Marie Immaculée à l’âge de 21ans. Elle fait vœux de célibat pour mieux se consacrer à Dieu, mais aussi au bien des autres. « Gabrielle était très humble et s’intéressait aux personnes avant tout. Elle croyait que tout le monde avait le droit au même respect et qu’aucun être humain n’avait moins de valeur qu’un autre », témoigne sa bonne amie Louise Savard.  

Pour changer les choses, elle part en mission à travers le monde. Ses voyages la mènent en Haïti, au Texas et ensuite en Espagne. De 1964 à 1968, ses œuvrent la conduisent en Afrique du Sud où elle participe à la mise sur pied d’un programme de travail social. Au cours de ces deux années, elle est témoin du régime d’apartheid qui fait loi dans ce pays.

Briser le plafond de verre

À son retour, elle termine un doctorat en sociologie, dont la thèse porte sur l’économie au service de la communauté. En 1988, après avoir été chercheuse à l’Institut de recherche sur la culture pendant 8 ans, elle est nommée à la tête de Développement et Paix, l’une des plus grosses ONG de coopération internationale du Canada.

Elle brise à ce moment un plafond de verre puisqu’elle est la première et la seule femme à avoir été directrice générale de cette organisation. « À ce moment, les ONG internationales étaient carrément un club de garçons », raconte François Gloutnay, ancien employé aux services des communications de Développement et Paix. Selon François Leboeuf, qui lui succédera à la direction générale : « Elle a su s’imposer dans ce monde machiste et sexiste grâce à sa force et son intelligence. Elle a introduit des changements dans l’organisation et fait le ménage dans les méthodes de gestions. »

Ces changements sont loin d’être innocents. Gabrielle Lachance est persuadée que rien ne pouvait changer au Sud si rien ne changeait au Nord. « Elle visait le changement des structures injustes », dit Louise Savard. Pour cela,  elle considère que l’engagement citoyen doit être au cœur des actions. « Il y a 25 ans, les ONG internationales étaient en pleine remise en question et cette idée était assez nouvelle », admet M. Gloutnay. Selon Développement et Paix, dès les premiers mois de sa nomination, Gabrielle Lachance mobilise les membres de l’organisation dans une campagne demandant au gouvernement canadien de maintenir les sanctions contre le régime d’apartheid jusqu’à ce qu’il soit aboli. La pétition sera signée par 120 000 personnes.

Son engagement pour cette cause ne s’arrêtera pas là. Trois mois après la libération de Nelson Mandela en février 1990, Gabrielle Lachance va créer à ses côtés ainsi qu’avec Joe Clark, secrétaire d’État aux Affaires extérieures, le Fonds Nelson Mandela, responsable d’appuyer financièrement des ressources éducatives en Afrique du Sud.
À sa retraite en 1996, Gabrielle Lachance a poursuivi ses engagements dans différentes organisations, dont le Parvis de Québec. Calme, discrète, elle a continué à vivre de manière aussi simple que possible prônant l’achat local, le commerce équitable, le droit des femmes, des peuples et le mouvement coopératif. « Elle a toujours continué à militer et à sensibiliser les gens pour qu’ils agissent afin que les choses changent », raconte son amie.

De nombreux proches lui ont rendu hommage, le jeudi 6 novembre 1014 et elle a été portée à son dernier repos au cimetière Saint-Ambroise de Loretteville.

Julie Roy
Texte publié dans La Presse du 24 octobre 2014

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