Quelle conception a le Christ de l’autorité?

Dans le cadre du Synode sur la synodalité,
une série de réflexions sur l’autorité dans l’Église,
réflexions que 
John Wijngaards nous invite à poursuivre.

1- L’autorité? Oui mais… 2 – Le pouvoir d’annoncer le royaume de Dieu 3 – Le pouvoir des clés 4 – Le pouvoir de lier ou de délier   5 – Le pouvoir de pardonner les péchés 6 – Le pouvoir de sauver des vies 7 – Le pouvoir de chasser les démons intérieurs 8 – Le pouvoir de libération 9 – Pas de domination masculine 10 – L’autorité des enseignants 11 – L’autorité des prophètes 12 – L’autorité spirituelle latente partagée par tous 13 – L’autorité de la communauté 14 – L’autorité du « sens de la foi » catholique 15 – Une dignité commune 16 – Pas d’immunité contre le droit civil 17 – Le ministère dans les temps à venir 18 – Les femmes ordonnées diacres 19 – Le service sans faste19 – Le service sans faste19 – Le service sans faste 20Pas de ce monde! 21Les sermons

22 – Réforme de l’autorité – discussion avec les opposants

«  Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux » (Matthieu 5, 43‑45)_TOB

« C’est assez simple! Je le mangerai pour le dîner! »

Cette histoire raconte mon altercation avec un évêque polonais et son issue surprenante. Permettez-moi de vous décrire le contexte.

Dans les années 1980 et 1990, tout en enseignant au Missionary Institute de Londres et en allant donner des conférences en Inde, je dirigeais également un centre de formation à la foi pour adultes appelé Housetop. L’archevêque de Westminster m’avait également demandé d’apporter un soutien spirituel aux personnes prises dans ce que l’on appelle « les sectes et les cultes ». Cela était dû à mon expérience en Extrême-Orient, d’où provenaient ces sectes.

En mars 1998, le Conseil des conférences épiscopales d’Europe organisa une consultation sur les sectes et les groupes religieux marginaux en Europe. L’événement avait lieu à Vienne. On m’avait demandé de faire partie de la délégation venue d’Angleterre. Il y avait 120 participants. Le 7 mars, j’ai présenté à l’assemblée un document intitulé « Dieu et le monde d’aujourd’hui. Pourquoi une nouvelle catéchèse est nécessaire ».

Dans ma présentation, j’évoquais le contexte de l’attrait des adolescents pour les sectes et les groupes marginaux. Je soulignais que la recherche sociologique montrait qu’une énorme transformation affectait les Européens instruits. Dieu disparaissait de la vie quotidienne. Les sociétés étaient devenues mixtes, pluriformes et fragmentées. L’autonomie personnelle des gens prenait le pas sur la morale traditionnelle. Et surtout, après avoir été des « chercheurs de sécurité » dépendant des autres, les gens devenaient des « chercheurs d’épanouissement », des personnes ayant l’intention de réaliser pleinement leur propre potentiel. J’ai plaidé pour que l’Église prenne au sérieux les Européens et les Européennes d’aujourd’hui, et les traite d’une manière pastorale qui les soutienne.

Les réactions à mon document ont été explosives. Certains participants étaient d’accord, mais beaucoup furent scandalisés. En particulier, un jeune évêque polonais dont j’ai oublié le nom. Il était furieux. Il me reprochait d‘abandonner la doctrine et la morale catholiques à la mentalité païenne corrosive des temps modernes. Le président de séance a interrompu le débat….

Puis, surprise! En fin d’après-midi, après toutes les séances de travail, nous avons terminé la journée en célébrant la messe. J’avais été choisi au hasard pour être l’un des deux concélébrants ce jour-là. Je suis allé à la sacristie, j’ai revêtu les vêtements sacerdotaux et j’ai attendu que le célébrant principal arrive. Eh bien, il s’est avéré qu’il s’agissait du même évêque polonais! Lui aussi fut un peu surpris de me voir , mais il a continué son service. Je me tenais à ses côtés à l’autel. Au moment du rituel du partage de la paix, nous nous sommes regardés et avons fait exactement cela : nous donner la paix.

Ensuite, nous nous sommes assis ensemble au dîner. Comme moi, il avait étudié à Rome. Nous pouvions communiquer en italien… Nous avons discuté de toutes sortes de choses. D’une certaine manière, cela a brisé la glace. Nous n’étions pas d’accord sur l’évaluation de la situation dans l’Église, mais nous appartenions à la même famille…

Les divisions au sein de l’Église

Deux courants dominent notre communauté ecclésiale actuelle. Les conservateurs de droite défendent farouchement ce qu’ils considèrent comme la tradition établie de l’Église. Ils ont été fortement soutenus par les papes Jean-Paul II et Benoît XIV au cours des dernières décennies. Les progressistes de gauche exigent des réformes basées sur de nouvelles connaissances théologiques et de nouveaux besoins pastoraux.

Ce qui est alarmant, c’est que les deux courants communiquent rarement entre eux. Ils se parlent à eux-mêmes. La gauche et la droite ont leurs propres cercles de communication : associations, sites Web et médias sociaux. Les deux courants ont même pris le contrôle intellectuel d’un certain nombre d’universités, de collèges et de séminaires. Bien sûr, les deux camps s’affrontent sur le Web. Mais il n’y a pas de véritable rencontre pour écouter les préoccupations de l’autre et expliquer les raisons pour lesquelles on pense différemment. Les contacts de confiance de personne à personne sont rares.

La pensée de Jésus sur le véritable dialogue

Jésus a révélé des vérités nouvelles et précieuses sur Dieu. La vérité est importante et ne doit pas être altérée. L’enseignement de Jésus doit être défendu à tout prix. Nous ne pouvons tolérer qu’il soit diminué ou déformé par qui que ce soit…. C’est peut-être vrai. Mais comment devons-nous traiter une personne qui, selon nous, n’est pas fidèle à l’enseignement de Jésus? L’exclure? Comment Jésus traiterait-il un tel adversaire?

Il est utile ici de se référer à certains passages remarquables du Sermon sur la montagne. Qu’en est-il des malfaiteurs? Étonnamment, Jésus nous dit de ne pas riposter par la force.

« Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Au contraire, si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui aussi l’autre. À qui veut te mener devant le juge pour prendre ta tunique, laisse aussi ton manteau. Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui » (Matthieu 5, 38‑42)_TOB.

Même si nous avons besoin de la police pour assurer notre sécurité, nous devons traiter un délinquant comme un ami.

Et qu’en est-il des personnes qui s’opposent directement à nous, qui nous veulent du mal, nos ennemis? Là encore, l’attitude de Jésus est révolutionnaire. Vous avez appris qu’il a été dit :

« « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.«  Et moi, je vous dis : Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes. Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense allez-vous en avoir? Les collecteurs d’impôts eux-mêmes n’en font-ils pas autant? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire? Les païens n’en font-ils pas autant? » (Matthieu 5, 43‑47)_TOB.

En d’autres termes, nous devons traiter nos adversaires avec gentillesse et compréhension.

Jésus a dû être consterné par les pratiques de l’Église au cours des siècles précédents : la persécution et la torture par l’Inquisition, le bûcher pour les « hérétiques ».

Questions

  • Lorsque les responsables de l’Église de notre époque estiment qu’ils doivent condamner certains points de vue comme étant erronés, comment peuvent-ils en même temps apporter un soutien pastoral aux personnes qui défendent ces points de vue ?

  • Que font les responsables de l’Église pour réunir les membres des deux courants opposés dans un échange d’opinions amical et fructueux?

Texte : John Wijngaards; caricatures : Tom Adcock
Le 30 mai 2023

Publié en collaboration avec le Wijngaards Institute for Catholic Research [WICR] [Institut de recherche catholique Wijngaards]
© the Wijngaards Institute for Catholic Research

Traduction réalisée par Pauline Jacob et Michel Goudreau à partir de la version gratuite du traducteur DeepL.

 

 

John Wijngaards

A propos John Wijngaards

Détenteur d’un doctorat en théologie de l’Université pontificale grégorienne (1963) et d’une licence en Écritures saintes de l’Institut biblique pontifical, John Wijngaards est un écrivain prolifique. Ardent défenseur de l’accessisibilité des femmes à l’ordination, il a mis sur pied la plus grande bibliothèque Web sur le sujet, Women can be priests, intégrée au Wijngaards Institute for Catholic Research, groupe de réflexion progressiste produisant des recherches sur les questions controversées de la théologie catholique romaine contemporaine.
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