Des femmes prêtres catholiques

La semaine dernière, ma réflexion portait sur la loi naturelle. Cette semaine, comme beaucoup m’ont demandé davantage d’explications, je vous propose une réflexion sur « l’être naturel » et les femmes prêtres dans l’Église catholique. J’ai écrit sur les femmes prêtres il y a bien huit ans. Mais beaucoup de choses se sont passés depuis.

Aujourd’hui, 15 octobre 2021, je dois également ajouter que le National Catholic Reporter a publié hier un article sur Anne Tropeano, ou « Père Anne », laquelle reproche à Dieu de l’avoir conduite vers l’ordination. Elle sera ordonnée prêtre catholique à Albuquerque, Nouveau-Mexique, le samedi 16 octobre 2021 à la cathédrale Saint-Jean. Anne Tropeano est titulaire d’une maîtrise en théologie de l’École jésuite de théologie de Berkeley en Californie et a exercé son ministère chez les jésuites pendant douze ans. Récemment présenté dans The New Yorker, « Père Anne » y est citée déclarant : « Vous dites que les femmes ne peuvent pas être prêtres? Regardez-moi. »

Je dois reconnaître, bien que j’aie été bouleversé par cette révélation, que ma première pensée pour la publication de l’article de cette semaine était de commenter la plus récente révélation dévastatrice sur les abus sexuels généralisés commis par des clercs en France. Le rapport officiel nous apprend que des clercs catholiques français ont abusé de plus de 330 000 mineurs au cours des 70 dernières années. Terrible et irréel! Le rapport est dévastateur et dégoûtant. Je suis d’accord avec l’historien et journaliste Massimo Faggioli lorsqu’il affirme qu’il s’agit du plus grand scandale dans l’Église catholique romaine depuis la Réforme du XVIe siècle. Je n’en fais pas abstraction, mais je laisserai à d’autres, comme Massimo, d’en assurer le suivi.

Dans mon article d’aujourd’hui, je veux traiter d’un autre sujet, laissant de côté le cas des évêques irresponsables et du clergé abusif. Ils auront tous ce qu’ils méritent. Et tout le monde doit aider les victimes…

Aujourd’hui, cependant, je veux vraiment me concentrer sur l’ordination des femmes dans ma tradition chrétienne catholique romaine. La vie continue. Nous devons construire un avenir meilleur et l’ordination des femmes en est un élément essentiel. Au moment où j’écris cet article, je suis aussi très conscient de la présence d’une jeune femme prêtre merveilleusement talentueuse, ordonnée récemment et qui a célébré sa première messe cette semaine.

Voici tout d’abord un peu d’histoire de l’Église d’il y a quelques années… En 1994, pour éradiquer officiellement ce qu’il considérait comme un « comportement déviant » à propagation rapide et une pensée et un enseignement peu orthodoxes, le pape Jean-Paul II a déclaré que l’ordination des femmes était un sujet clos. Dans sa lettre Ordinatio Sacerdotalis, il écrivait : « C’est pourquoi, afin qu’il ne subsiste aucun doute sur une question de grande importance […] je déclare […] que l’Église n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes et que cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Église. » L’interdiction de l’ordination des femmes par l’Église catholique romaine découle d’une perception des rôles attribués par Dieu aux hommes et aux femmes, à savoir la croyance que la masculinité faisait partie intégrante du ministère de Jésus et des apôtres. Être une femme, c’est bien, disaient les hommes d’Église, mais si une personne veut agir « in persona Christi » (en la personne du Christ), cette personne doit avoir des organes génitaux masculins.

Le pape Jean-Paul II, le pape Benoît XVI et apparemment le pape François ont tous estimé, en ce qui concerne la prêtrise, qu’il existe une différence essentielle entre l’homme et la femme, c’est-à-dire que la masculinité est nécessaire à la prêtrise tout comme l’eau est nécessaire au baptême. Pourquoi? Parce que, soutiennent-ils, c’est ainsi que le Jésus historique l’a établi. Tout cela est résumé dans le Catéchisme de l’Église catholique (publié par le pape Jean-Paul II en 1992) : « Seul un homme baptisé (vir en latin) reçoit valablement l’ordination sacrée. Le Seigneur Jésus a choisi les hommes (viri) pour former le collège des douze apôtres et les apôtres firent de même en choisissant des collaborateurs pour leur succéder dans leur ministère. Le collège des évêques, auquel les prêtres sont unis à travers la prêtrise, fait du collège des douze une réalité toujours présente et toujours active jusqu’au retour du Christ. L’Église se reconnaît liée par ce choix fait par le Seigneur lui-même. Pour cette raison, l’ordination des femmes n’est pas possible.

Intéressant. Je me souviens très bien de la déclaration officielle de la Commission biblique pontificale en 1976 selon laquelle il n’existait aucune raison scripturale valable pour ne pas ordonner de femmes. Avec tout le respect que je leur dois, même les papes ont besoin d’une éducation théologique de rattrapage. Ou ils ont au moins besoin de conseillers et de rédacteurs fantômes bien formés et à jour. La Commission biblique pontificale a été officiellement établie par le pape Léon XIII (1810 – 1903) en octobre 1902. Son but était et a toujours été d’assurer la bonne interprétation et la défense catholique romaine des Saintes Écritures.

Très souvent, ceux qui s’opposent à l’ordination des femmes font valoir que Jésus n’a choisi que des disciples masculins et que, par conséquent, tous les prêtres et tous les évêques doivent être des hommes. Le témoignage historique, cependant, ne confirme pas cela. Le Jésus historique n’était pas un homme chauvin.

Les disciples de Jésus étaient un groupe dynamique de jeunes hommes et de jeunes femmes, très probablement au début ou à la fin de leur adolescence. Dans la tradition hébraïque, nous savons que les jeunes hommes commençait à étudier sous la direction d’un rabbin alors qu’ils avaient entre 13 et 15 ans. Le récit de Marthe et Marie au chapitre 10 de l’évangile de Luc nous apprend que Marie, assise aux pieds de Jésus, était vraiment une disciple.

Dans chacun des récits évangéliques de la résurrection de Jésus, il y a un point commun : les premiers témoins de la réalité du tombeau vide étaient des femmes.

En effet, parmi les disciples de Jésus, appelés plus tard apôtres lorsqu’ils ont été envoyés prêcher la Bonne Nouvelle, il y avait des hommes et des femmes. On sait également que Marie-Madeleine était une disciple clé et qu’elle a souvent été appelée « l’apôtre des apôtres ». Paul, dans sa Lettre aux Romains, fait référence à Priscille et à Aquila. Il fait l’éloge de Junia, une apôtre éminente, et Phoebée, une dirigeante de l’église de Cenchrées, une ville portuaire près de Corinthe.

En ce qui concerne l’ordination, comme je l’ai souvent écrit, le Jésus historique n’a ordonné personne. L’ordination est apparue plusieurs décennies après la dernière Cène de Jésus. Lorsqu’elle a été établie, il ne s’agissait pas d’un pouvoir sacramentel. Il s’agissait simplement d’une forme de contrôle de la qualité garantissant des ministres qualifiés et compétents.

Dans les premières communautés chrétiennes, bien avant l’instauration de l’ordination, des responsables masculins et féminins, choisis par les communautés, présidaient les célébrations eucharistiques. Il y avait des responsables ministériels hommes et femmes. Beaucoup plus tard dans l’histoire de l’Église, la misogynie s’est glissée et une culture cléricale entièrement masculine a pris le dessus. La prêtrise est alors devenu une affaire d’hommes.

Un développement majeur dans l’expérience contemporaine de l’ordination des femmes s’est produit en 2002 avec l’ordination des « Sept du Danube », un groupe de sept femmes d’Allemagne, d’Autriche et des États-Unis qui ont été validement ordonnées prêtres sur un bateau naviguant sur le Danube le 29 juin 2002. Ce fut un moment historique. Un an plus tard, deux d’entre elles ont été ordonnées évêques.

Actuellement, la RCWP [Roman Catholic Women Priests] et l’ARCWP [Association of Roman Catholic Women Priests] sont deux branches qui se sont développées à partir de l’ordination des sept femmes sur le Danube. Les deux groupes ont des membres aux États-Unis et tous deux sont internationaux. Les femmes prêtres et évêques du RCWP exercent leur ministère dans plus de 34 états des États-Unis et sont également présentes au Canada, en Europe, en Amérique du Sud et centrale, en Afrique du Sud, aux Philippines et à Taïwan. À ce jour, il y a 270 femmes prêtres et 15 femmes évêques dans le monde.

Les mouvements prophétiques, comme le RCWP, dérangent toujours les responsables institutionnels. C’est bien sûr souvent une bonne chose. Les dirigeants prophétiques qui approuvent l’ordination des femmes encourent souvent l’excommunication. Dans chaque institution, il faut du temps à la haute direction pour reconnaître et apprécier les artisanes et les artisans du changement. Le Jésus historique n’a découvert cela qu’au début de la trentaine.

Si l’on examine historiquement comment le changement se produit dans la tradition catholique romaine, on constate un développement en trois étapes :

  1. Lorsqu’un grand changement commence, le ce changement est condamné.

  2. Plus tard, si le changement continue à se développer et à prospérer, il est officiellement « toléré » et souvent considéré comme « une expérience ».

  3. Enfin, une fois que le changement est pleinement établi et florissant, il est étiqueté « bon et faisant véritablement partie de notre tradition ».

Comme on dit, l’espoir est éternel. Et je dirais : Oui, le mouvement des femmes prêtres prouve qu’un changement est en train de se produire.

John Alonzo Dick
Le
15 octobre 2021

Texte original : https://foranothervoice.com/2021/10/15/catholic-women-priests/
Pour consulter d’autres articles de l’auteur, voici l’adresse de son blog :
https://foranothervoice.com/author/jadick/

Traduit par Pauline Jacob et Michel Goudreau à l’aide des traducteurs gratuits Google et Deep et reproduit avec la permission de l’auteur.

John Dick
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A propos John Dick

Détenteur d’un Ph D en études religieuses et d’un doctorat en théologie historique [STD] de la KU Leuven, John A. Dick y devint professeur spécialisé en religion et valeurs dans la société américaine. Vice-président de l' Association for the Rights of Catholics in the Church [ARCC] et responsable du blogue « For Another Voice », il est auteur de nombreuses publications et coauteur de « The Malines Conversations Revisited, From Malines to ARCIC » (1998).
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Une réponse à Des femmes prêtres catholiques

  1. Mireille Beauchemin dit :

    Bravo pour cet article très intéressant mais bravo surtout à toutes ces femmes qui ont reçu l’appel, qui y ont répondu et qui ont dû se battre et se battent encore pour l’ordination des femmes. Mireille d.b.

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