Hommage à sœur Mariette Milot

Sœur Mariette a écrit elle-même en mars 2016 ce qui faisait la trame de fond de sa vie : « Passionnée pour Jésus Christ, passionnée pour le monde ». Et cela à partir de Cor, 9, 16 : « Annoncer l’Évangile n’est pas pour moi un titre de gloire; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile ! »

Constamment nourrie de la Parole de Dieu, son engagement pour la justice s’inscrit dans toute son histoire. Pour elle, en tout temps, en tous lieux et tout au long de sa vie, justice sociale et vie religieuse se conjuguent au présent témoignant de ce qui est essentiel à ses yeux : l’amour de Jésus envers les petits, les pauvres, les exclus, aujourd’hui comme hier, au Québec comme au Brésil.

Mariette note elle-même qu’elle a été initiée très jeune à s’ouvrir à toute éventualité puisque la maison paternelle, située dans le village de Sainte-Monique de Nicolet était en quelque sorte une porte ouverte à tous, étant considérée comme le centre de la vie publique de la paroisse, puisque presque tout passait par leur maison, car ses parents tenaient le Bureau de poste et le Central téléphonique. De plus, tout son vécu d’enfant et sa jeunesse ont baigné dans la foi chrétienne où les « petits » et les plus pauvres avaient priorité dans la vie familiale. C’est sans doute là qu’origine et que s’est développée sa passion pour la justice sociale, alimentée par l’Évangile vécu au quotidien. Et elle en est venue à nommer spécifiquement « son Dieu » : L’EMMANUEL « Dieu avec nous ».

Mariette disait elle-même : « On dirait que j’ai couru après la chance toute ma vie ». Très tôt après sa première profession religieuse, elle est appelée à devenir missionnaire au Brésil. Dès le début on lui a dit : « Organise ton travail de façon à ce que quand tu partiras du Brésil, les choses continuent». C’est ainsi qu’en collaboration avec le comité de pastoral des milieux concernés, les SASV du Brésil en sont venues à mettre sur pied « Les communautés ecclésiales de base » qui ont permis la prise en charge des Sans Terre par les gens eux-mêmes. Mariette y croyait et elle a mis tout son cœur et toutes ses énergies afin de changer la situation des plus démunis. Ce fut un important changement qui continue à se développer, face aux terribles structures de misère qui les accablaient.

Après onze années de service au Brésil, Mariette est demandée par le Chapitre général de 1975 pour revenir à Nicolet au Généralat comme secrétaire-conseillère générale, ce qui a duré dix ans. Malgré cette tâche très exigeante et d’envergure, elle est persuadée que l’Évangile n’a pas de problème de lieu ni de fonction. Pendant son mandat, elle se lance avec la même passion dans l’accompagnement des missionnaires du Brésil et de l’Équateur, leur communiquant son feu pour l’option préférentielle envers les plus démunis, ainsi que son ardeur pour la SOLIDARITÉ qui se veut de plus en plus radicale. Toujours avec audace et espérance, elle donne un élan nouveau à la place des femmes dans l’Église, à l’éveil et à l’animation vocationnelle inter congrégation, à la justice évangélique, à l’entraide missionnaire nationale et quoi encore ? Son illustre mentor Dom Elder Càmara, évêque brésilien auprès des plus pauvres, lui a inculqué la mentalité que : Si vous voulez que les choses changent dans les pays du Sud, il faut d’abord les changer chez vous, au Nord.

C’est alors que sa passion prend un tournant inattendu : la congrégation l’invite à faire un travail de conscientisation à grandeur de pays, sur l’oppression que vivent les peuples du Sud ainsi que sur notre responsabilité de citoyens, de chrétiens du Nord face à cette réalité. Le Québec, l’Ontario, l’Ouest canadien, les écoles, les paroisses et divers groupes ont bénéficié de ses invitations répétées. Et le mot SOLIDARITÉ est alors entré en elle avec force et devient le nouveau nom de son engagement pour le Royaume. Créer des ponts, mettre les gens en communication, « Être avec » et « pour les délaissés de la vie », donner toute la valeur à la personne humaine, voilà pour elle, l’Évangile vécu concrètement.

Mariette a été en contact toute sa vie avec des groupes de jeunes et souvent ils la questionnaient sur sa vocation, sa vie de foi et ses engagements. Avec tout l’enthousiasme qu’on lui connaît, elle leur répondait : « Croyez-moi ou pas, je suis la femme de Dieu » depuis 80 ans; et il ne ma jamais déçue. Ma vie est une folie ! Le feu qui brûle en moi, c’est LUI, et croyez-moi, il ne s’éteindra jamais… »

Aujourd’hui, en rencontrant son Dieu, Mariette a dû être accueillie à bras ouverts par son Père du ciel, puisqu’elle l’a aimé et servi avec tellement de passion toute sa vie et cela même confinée dans sa chambre du PSM où elle a continué à transmettre sa passion et à rendre les petits services qu’elle pouvait. Il me semble l’entendre s’écrier : Me voici Seigneur ! J’ai tellement voulu faire ta volonté, prends-moi !

Louisette Laneuville, s.a.s.v.
Nicolet, le 15 octobre 2021

Louisette Laneuville
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A propos Louisette Laneuville

Louisette Laneuville est une soeur de l'Assomption de la Sainte Vierge
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Une réponse à Hommage à sœur Mariette Milot

  1. Pierrette Daviau dit :

    Merci pour cet hommage bien senti et tellement inspirant!

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