Le partenariat homme/femme en Église

Présentation faite au colloque ayant pour thème Visage féminin de l’Église! dans le cadre des célébrations du150e anniversaire de la fondation de l’archidiocèse de Rimouski.

Pour vivre heureuses et heureux et donner plus de vie à notre Église de Rimouski, les femmes et les hommes en Église devront continuer de s’efforcer, ensemble, de réfléchir, d’échanger, de proposer, de travailler à rendre plus crédible cette Parole de la Genèse : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa » (Gn 1,27).

C’est pour moi un grand honneur que d’être ici aujourd’hui, pour vous raconter une belle histoire, celle des femmes qui nous ont précédées dans l’aventure du Partenariat des hommes et des Femmes en Église.

Il était une fois… Ça commence toujours comme ça les histoires! Dans l’Église aussi ça a commencé comme ça…

Soeur Béatrice Gaudreau se souvient qu’en 1971, alors qu’à Rimouski on écrivait les conclusions du synode diocésain, à Rome, dans la foulée du Concile Vatican II, un cardinal, George B. Flahiff, archevêque de Winnipeg, recommandait au Saint-Père, au nom de la Conférence des évêques catholiques du Canada [CECC], la formation d’une commission spéciale regroupant évêques, prêtres, laïcs des deux sexes, religieuses, religieux qui siègeraient sur cette commission chargée d’étudier en profondeur la question des ministères féminins dans l’Église. Ça n’a pas été plus loin… On trouverait sans doute le texte original de cette recommandation sous la poussière des tablettes vaticanes!

Quelques années plus tard, des femmes ont interpelé les évêques du Québec en leur disant : il nous semble que nous pourrions, ensemble, réfléchir, travailler, proposer des choses, dans le respect de chacun et la bonne entente.

Les évêques ont réfléchi…

1979 : Tables rondes sur la condition des femmes (Montréal et Québec) convoquées par le président du Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec [AÉCQ].

Des femmes engagées en Église mettent cette question sur la place publique en indiquant l’urgence d’en parler pour établir de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes : des rapports basés sur une essentielle égalité. S’il y a des comités sur le partenariat, c’est d’abord grâce aux femmes!

1981 : L’invitation est lancée à chaque évêque, par le Comité des affaires sociales, à désigner une répondante diocésaine à la condition des femmes.

Le Réseau des répondantes à la condition des femmes prenait forme.

Au cours des années, les répondantes diocésaines exprimeront maintes fois l’importance pour les femmes engagées en Église d’être reconnues comme des partenaires de droit et de fait dans leur travail.

1982, janvier : Monseigneur Bernard Hubert a rédigé une lettre pastorale sur la condition féminine qui s’inscrit dans la foulée des recommandations sur le rôle de la femme dans l’Église que la Conférence des évêques catholiques du Canada [CECC] a adoptées le 25 octobre 1984. Monseigneur Hubert se situe clairement dans une attitude de solidarité à l’égard des femmes dont il appuie les luttes et la quête d’identité. Il nous rappelle qu’il y a toujours eu des femmes remarquables : Marguerite Bourgeoys, Marguerite d’Youville, Jeanne-Mance, Marie-Rose Durocher, Marie-Gérin-Lajoie, Simone Monet-Chartrand, les Communautés de religieuses. Cela ne signifie pas que dans l’histoire du Québec il y eut pour autant égalité des hommes et des femmes comme on l’entend maintenant.

1985 : La CECC dit ceci : L’aspiration des femmes, c’est un appel qui vient de Dieu.

1986, 1 et 2 mars : Session de deux jours d’étude des évêques du Québec, portant sur l’Église et le mouvement des femmes. C’était un geste audacieux et nécessaire de réunir tous les évêques du Québec, 86 femmes et 13 hommes pour tenir 2 journées d’étude afin

d’identifier et d’analyser les transformations opérées par le mouvement des femmes au plan social et ecclésial en vue de définir des pistes d’actions pour l’Église du Québec et, ce faisant, vivre une expérience de partenariat en Église.

Ce fut une première, a-t-on dit, en Occident!

De cette session découlent deux recommandations sur le partenariat :

  • Que chaque diocèse organise un forum diocésain réunissant évêques, pasteurs et laïques, pour approfondir les dimensions humaines, théologiques et pastorales des nouveaux rapports femmes et hommes dans l’Église.
  • Que, dans chaque diocèse, l’évêque et la répondante à la condition des femmes amorcent une réflexion entre les prêtres et les femmes engagées en pastorale, afin d’arriver à définir, ensemble, le modèle d’un véritable partenariat dans l’Église.

1986 – 1989 : Différentes activités, dont 26 forums dans 17 diocèses rejoignant 1000 personnes, ont été organisées. Ces forums se voulaient un lieu pour faire le point sur le vécu du partenariat hommes-femmes en Église et pour identifier les conditions susceptibles de faire advenir ce partenariat.

Un an plus tard, on nous remettait le compte-rendu des forums et le Comité des Affaires Sociales a formé un comité de suivi des forums et a produit un guide d’animation Femmes et Hommes partenaires dans l’Église.

1991 : Élargissement du Comité de suivi en vue de relancer les activités susceptibles de faire progresser le partenariat hommes-femmes dans l’Église. Ce comité, composé d’un nombre égal d’hommes et de femmes,

  • explore le vécu partenarial dans les diocèses et évalue le chemin parcouru depuis la session d’étude de 1986 et la tenue des forums diocésains;
  • consulte les théologiens et théologiennes pour connaître davantage l’état de la recherche théologique sur cette question et pour évaluer la pertinence d’un symposium;
  • fait un relevé des différents indices d’un vécu partenarial entre femmes et hommes (présence mixte, travail semblable, travail ensemble, déclarations…)

1994 : Une centaine de tables rondes dans neuf (9) diocèses du Québec afin de faire ressortir avec plus de précisions les avancées du vécu partenarial.

La démarche des tables rondes a permis de dégager certains éléments de problématiques, des indices d’ouverture et des acquis, des résistances et des considérations, des pistes d’avenir et des avenues à explorer.

1996, les 29-30-31 août : Un symposium sur le partenariat hommes et femmes en Église a eu lieu à l’Université Laval avec comme objectifs :

  • revoir les fondements théologiques pertinents au partenariat;
  • approfondir les éléments d’une herméneutique (interprétation des signes comme éléments symboliques d’une culture) renouvelée, s’il y a lieu;
  • progresser dans la connaissance et l’élaboration des dimensions historique, sociologique, biblique, anthropologique et ecclésiologique de la question.

Un guide d’utilisation du livre Plein feux sur le partenariat en Église, a été élaboré par Céline Girard. Il propose des démarches d’animations pour développer une culture partenariale en Église. Il s’intitule Des outres neuves pour le vin nouveau

À la suite du Symposium, un comité de suivi a été mis sur pied, en voici la composition : Yvonne Bergeron de Sherbrooke, Henriette Bouchard de Nicolet, Guy Lagacé de Rimouski, France Lefrançois et Claire Lavoie de l’Inter-Est.

1999 : Une rencontre des comités sur le partenariat hommes et femmes en Église a eu lieu au Cap-de-la-Madeleine le 3 mai1999. Étaient présents les diocèses de Montréal, Québec, Rimouski, St-Hyacinthe, Sherbrooke, Chicoutimi, Trois-Rivières, Nicolet et Amos. Le groupe s’est entendu sur une définition du partenariat; la voici :

Le partenariat, c’est une association naturelle, essentielle à notre existence humaine, qui se traduit de façon progressive dans un modèle relationnel fait de rapports réciproques et interdépendants, indiquant à la fois la reconnaissance fondamentale et explicite de la valeur égale des femmes et des hommes, le respect de leur différence de même qu’une radicale parité, jusque dans l’exercice des tâches et des fonctions ecclésiales et ce, en vue d’une mission commune.

La condition des femmes et le partenariat dans l’Église de Rimouski

L’Église de Rimouski suit de près l’ensemble des Églises du Québec quant à la place faite aux femmes. Elle souhaite vivement que l’Église universelle reconnaisse l’égalité fondamentale des femmes et des hommes dans ses actes, ses lois et ses ministères avec autant de courage et de créativité qu’elle le fait dans ses paroles. Cependant, notre Église reconnait qu’elle est, elle aussi, tributaire de son histoire, de ses préjugés et de la théologie traditionnellement sexiste.

1981 : L’Église de Rimouski répond à l’appel des évêques du Québec et nomme officiellement une répondante à la condition des femmes. Monique Dumais, ursuline de chez-nous, avait déjà commencé à remplir ce rôle, avec grande compétence.

Au Colloque sur La place des femmes en Église à Québec en 1980, madame Dumais a donné un exposé sur le sujet. Femme ursuline, professeur en théologie à l’UQAR, elle est bien placée pour parler de ce sujet!

Quelques années plus tard, c’est Lise Saint-Pierre qui devient répondante.

Elle ne chômera pas. Réunissant des femmes de toutes les régions du diocèse, elle anime Commission-Dossier-Femmes, avec le thème : les femmes dans l’Église. Elle soutient les comités des régions et prépare en quelque sorte, le terrain en vue du partenariat.

1990 : Astrid Garant prend la relève comme répondante, pour un an seulement.

1991 : Dolorès Cimon accepte le poste. En novembre, elle établit des contacts pour former un comité qui pourrait l’aider à mener à bien le dossier Partenariat femmes et hommes en Église.

1992 : Six femmes ont accepté de faire partie de ce comité. À la première rencontre, quatre sont présentes : Dolorès Cimon, Louise Ross, Renée Tremblay et Pauline Harrisson. En mai, Hélène Malenfant se joint au comité ainsi que France Ouellet en décembre. On projette de participer au carrefour des Conseil diocésain de pastorale [C.D.P.] en1993. Déception, cette participation n’aura pas lieu.

Nous avons un nouvel évêque, Monseigneur Bertrand Blanchet, une rencontre est planifiée avec lui.

La difficulté de recruter des hommes est pénible. Pourtant, ce comité se nommera dorénavant Comité pour le partenariat hommes et femmes en Église. À la rencontre d’octobre, deux hommes joignent les rangs : Benoit Beaulieu et Gilles Côté.

1994, mars : Un autre homme s’ajoute au groupe, soit Yves Thibodeau. Jacques Tremblay entretient le groupe sur les nouveaux ministères où le pouvoir entre moins en ligne de compte et où il peut y avoir partage des tâches et responsabilités. L’AEQ souhaite que les comités sur le partenariat organisent des colloques ou des tables-rondes pour sensibiliser les chrétiennes et les chrétiens à la nécessité d’un partenariat véritable dans l’Église. Le projet de colloque a fait un bout de chemin, il s’est rendu jusque chez Jacques Ferland qui en parlera à Mgr Blanchet.

1995, janvier : Le projet se précise, ce sera des Tables-rondes.

Autre déception, dans un document sur les nouveaux ministères paru dans le diocèse, il n’est nulle part fait mention du partenariat femmes et hommes dans l’Église. On se questionne…

1995, avril : Consternation! Le projet Tables-rondes est considéré comme prématuré par les autorités diocésaines. Dolorès Cimon rappelle à monsieur Ferland les difficultés que le Comité affronte dans les projets qu’il élabore et qui correspondent pourtant à la demande de l’AÉQ et du Réseau des répondantes. Elle signifie son intention de ne pas accepter un nouveau mandat. Le Comité éprouve une grande peine face au manque évident d’intérêt et à la fermeture systématique de portes à mesure que naissent des projets.

1995, novembre : Une nouvelle répondante est nommée, il s’agit de soeur Béatrice Gaudreau, r.s.r. Bienvenue Béatrice! Bon début; elle obtient un classeur pour les documents et les dossiers relatifs à sa tâche. Aux Services diocésains, elle partage un bureau avec une autre personne, une journée par semaine.

1996, mars : Convocation du comité du partenariat, rétrospective du travail accompli depuis 1991. On considère qu’il a ouvert des avenues. On revoit l’objectif général adopté par le Réseau des répondantes, à savoir :

Participer à l’annonce de la Bonne Nouvelle, Mission remise à toute la communauté (hommes et femmes) et promouvoir un partage des tâches au niveau de la responsabilité et du pouvoir.

Des objectifs spécifiques sont aussi formulés :

  • procurer ressourcement et soutien aux membres du comité;
  • élaborer des projets d’actions en conformité avec l’objectif général.

Un plan de travail est tracé :

  • participer au Conseil diocésain de pastorale du 11 mai 1996 où se fera la présentation de la recherche-action Voix de femmes, voies de passage;
  • prendre connaissance de l’instrument d’animation Voies d’espérance;
  • prévoir un public-cible qui pourrait profiter de l’animation faite par le Comité dans les zones pastorales.

Le projet de participation au Conseil diocésain de pastorale [CDP] est précisé. On prend connaissance des divers thèmes proposés dans Voies d’espérance en vue de l’animation projetée pour l’automne. On pense à trouver un autre homme pour équilibrer le Comité.

1996, mai : Le C.D.P. a lieu. Comme prévu, les membres du comité sont présents. L’animation est assumée par l’auteure de Voies d’espérance, Pierrette Daviau. Ce fut très apprécié. Mais il manque beaucoup de monde… Pour les personnes absentes, est-ce par manque de temps? La fatigue? Fin de semaine de la fête des mères? Peut-être. Mais peut-être aussi le sujet??? On s’aperçoit que le C.D.P. a donné de l’énergie. Un espace s’est enfin entrouvert. Mais il faudra être bien préparé, savoir où l’on va, trouver le langage approprié pour se faire comprendre. Bref, on a l’impression que le train passe et qu’il faut monter à bord si on ne veut pas rester sur le quai…

1996, juin : La première rencontre d’animation dans les zones se fera à Causapscal, les objectifs :

  • que les femmes obtiennent la place qui leur revient comme personnes dans l’Église, au niveau des responsabilités et de la prise de décision;
  • que les hommes prennent plus de place dans la pratique religieuse, dans l’initiation sacramentelle de leurs enfants, dans divers comités paroissiaux et diocésains.

Une autre femme se joint au comité, Gaétane Michaud.

1996, août : Un grand symposium, organisé par le Comité des Affaires Sociales de l’Assemblée des évêques du Québec et le Réseau des répondantes à la condition des femmes, a lieu à l’Université Laval, symposium auquel Béatrice a participé comme répondante. Des personnalités de l’Europe et du Québec y participaient.

1996, novembre : Cinquante personnes ont répondues à l’invitation de la rencontre d’animation à Causapscal. Grande satisfaction de la part des membres de l’équipe et commentaires positifs des gens de Causapscal.

1997, mai : La répondante à la condition des femmes du Diocèse de Gaspé a invité le Comité pour une session sur le changement planifié qui fait suite à la présentation de Voix de femmes, voies de passage. Ce fut une merveilleuse expérience!

Le comité prépare soigneusement le projet d’animation qui se donnera à Saint-Valérien le 20 de ce mois avec l’équipe locale déjà constituée.

Le Comité du partenariat continue de parcourir le diocèse avec ses animations qui éveillent de plus en plus les chrétiennes et les chrétiens à leur mission de baptisés.

1999, mai : Béatrice quitte le poste de répondante en disant : « Mission accomplie! » Le Comité est en forme et prêt à œuvrer dans notre diocèse.

1999, septembre : Une nouvelle répondante entre en poste, il s’agit de Jacqueline Morin, c’est-à-dire moi-même. Ma priorité sera, bien sûr, la Marche Mondiale des Femmes, octobre 2000, pour contrer la pauvreté. Le Partenariat est toujours présent, et continu sa Mission par lui-même; je suis là pour encourager ses engagements. Je prends ma retraite en 2003. Wendy Paradis pilotera le dossier jusqu’à l’arrivée d’Odette Bernatchez qui est aux commandes tout en portant plusieurs autres dossiers. C’est ainsi que se continue la vie en partenariat dans notre Église de Rimouski;

Conclusion

Oui le partenariat a apporté de gros changements dans notre Église avec ses panoplies d’activités. Dans le respect mutuel, les femmes et les hommes ont de plus en plus travaillé ensemble, échangé, élaboré des projets, avec tout ce que cela comporte.

Des voies ont été ouvertes; ce ne fut pas facile pour personne. Beaucoup de belles choses ont été réalisées, des femmes et des hommes ont accompli leur mission d’annoncer l’Évangile, de révéler à leurs sœurs et frères l’amour de Dieu en la personne de Jésus-Christ. Et, c’est dans ces traces que nous sommes appelés, chacune et chacun de nous, à répondre à l’appel de Celui qui nous aime : Dieu notre Père.

Les histoires finissent toujours par : ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants!

Pour vivre heureuses et heureux, et donner plus de vie à notre Église de Rimouski, les femmes et les hommes en Église, devront continuer de s’efforcer, ensemble, à réfléchir, échanger, proposer, travailler à rendre plus crédible cette Parole de la Genèse : Femmes et Hommes, Il les créa, à son Image et à sa Ressemblance.

Jacqueline Morin
Rimouski, le 8 mars 2017

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A propos Jacqueline Morin

Jacqueline Morin est membre du Comité diocésain de traitement des plaintes de harcèlement psychologique dans le diocèse de Rimouski. Détentrice d’un baccalauréat en théologie, elles a travaillé aux Services diocésains en pastorale familiale, en pastorale missionnaire, comme répondante à la condition des femmes et au Service d’aide aux couples en difficultés. Mère de quatre enfants, elle a, avec mon mari, été animatrice de rencontres en préparation au mariage dans son diocèse.
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