30e anniversaire du réseau Femmes et Ministères – Présentation de Gisèle Turcot

Rolande ParrotJ’ai commencé par méditer sur le curriculum vitae de Gisèle. Elle  a occupé de nombreuses fonctions dans la société comme dans l’Église. J’ai retenu les éléments qui convenaient à mon propos. Puis, j’ai laissé monter en moi quelques traits marquants de sa personnalité.

Voici, tout d’abord quelques fonctions parmi un bon nombre accomplies par Gisèle.

Gisèle est membre de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil de Montréal  depuis 1958. Sur le site de sa communauté, on y lit en exergue cette citation : « … hâter la justice dans l’amour… », de la fondatrice Marie J. Gérin Lajoie. Retenez-la bien, car c’est la toile de fond de la vie de Gisèle.

Après avoir obtenu une maîtrise en service social à l’Université de Montréal, elle a travaillé en milieux populaires à Montréal (1965-1975) et enseigné à l’École de service social de l’Université Laval (Québec). Elle a occupé les postes d’adjointe aux affaires sociales, puis de secrétaire générale de l’Assemblée des évêques du Québec (1976-1983). La seule femme qui a eu cette fonction à ce jour.

En 1983, elle a été commissaire mandatée par le ministre des Communautés culturelles et de l’Immigration pour une étude sur la situation des personnes en attente du statut de réfugié au Québec. De 1984 à 1993, elle a travaillé à la revue Relations, mensuel d’analyse sociale et religieuse publié par le Centre justice et foi (Montréal), et a été directrice de la revue à partir de 1988.

Gisèle est l’instigatrice et membre du groupe fondateur du réseau Femmes et Ministères (1982) et du Réseau œcuménique des femmes du Québec (1988).

Elle a été active dans le milieu des communautés religieuses au Québec et au Canada pendant qu’elle remplissait deux mandats de supérieure générale de son institut (1995-2005). Elle a même été présidente de la Conférence religieuse canadienne de 2002 à 2004.

Enfin, après une année de ressourcement en théologie et en spiritualité (Paris, Centre Sèvres), elle se consacre depuis l’automne 2006 à l’animation en spiritualité ignatienne et au travail pour la paix et la réconciliation en lien avec Pax Christi International.

C’est ainsi qu’à travers ces diverses fonctions, on peut découvrir qui est Gisèle et ce qui l’anime.

Gisèle a été l’instigatrice et l’inspiratrice de réseau Femmes et Ministères. Il fallait avoir de l’audace pour constituer un groupe de femmes engagées en Église, alors qu’elle était secrétaire générale de l’Assemblée des évêques du Québec, Il fallait de l’audace, car nous savons bien que les réflexions des femmes du Réseau, leur prise de parole, leurs propositions touchaient directement l’institution et pouvaient provoquer par le fait même de la résistance chez les autorités ecclésiales.

Car Gisèle a un sens aigu de la justice. Mais sa pratique pour défendre les droits des femmes en Église ne suit pas le corridor étroit des revendications. Elle est appuyée par une largeur de vue qui embrasse plusieurs éléments dont il faut tenir compte, si l’on veut donner de la crédibilité aux gestes et aux paroles.

En avril 1982, Gisèle réunit six femmes pour jeter les bases du réseau Femmes et Ministères qui se définit comme « un lieu de solidarité et de parole, un lieu de ressourcement et de célébration, un lieu de recherche et d’analyse, un lieu d’élaboration d’une pensée commune, un lieu de concertation en vue d’une prise de parole collective ».

À travers cette définition, bien sûr élaborée par le groupe, on reconnaît la personnalité et l’influence de Gisèle. Formée en service social, Gisèle est une femme qui se fait proche du terrain. Mais elle est aussi une analyste, une intellectuelle, une recherchiste minutieuse qui n’oublie jamais d’établir des fondements, que ce soit dans ses écrits, ses conférences, ses prises de parole dans le groupe, et dans la direction de la revue Relations.

Gisèle est une femme de détermination. Elle ne perd jamais de vue ses objectifs et cherche en équipe les stratégies qui conviennent pour réussir une action. Détermination aussi dans l’aboutissement d’un projet, sans calculer son temps malgré la fatigue, et parfois les nuits écourtées.

Gisèle est une femme de solidarité. Sa solidarité a plusieurs volets. Solidarité qui dit concertation, consultation, gestion de conflits. Et solidarité avec chaque personne, dans une écoute attentive et le respect des cheminements. Solidarité avec l’Église, les évêques en l’occurrence, sans déroger au questionnement nécessaire de l’institution par les diverses prises de positon de Femmes et Ministères.

Gisèle Turcot est surtout une femme libre.

Membre d’une communauté religieuse, Gisèle est une femme croyante, priante, engagée, et cela se manifeste particulièrement par sa recherche constante du  discernement de l’action de l’Esprit Saint dans le monde.

Elle possède la liberté d’être toujours elle-même, qu’elle soit devant des gens ordinaires ou devant des autorités. Quelles que soient ses prises de parole, elle demeure fidèle à elle-même, fidèle à ses amitiés, fidèle à l’Église.

Libre, par l’action de l’Esprit qui se situe dans la recherche de la vérité à révéler ou à défendre. Dans la foi et l’espérance, on trouve chez Gisèle le dynamisme nécessaire pour s’engager dans des combats pour la justice, à la défense des personnes démunies, dans la promotion de l’égalité des femmes et des hommes partout où elle a œuvré.

Gisèle est aussi animée par l’amour

L’amour de Dieu et sa fidélité au Christ se reflètent dans l’amour qu’elle porte à chaque personne. Ce qui fait d’elle une femme pacifique capable de faire avancer des causes justement par son respect des opinions et sa solidarité. Une femme de relations et de rassemblement.
Présentement accompagnatrice spirituelle et active dans le mouvement Pax Christi international, Gisèle se veut une femme de paix et de réconciliation.

Gisèle, tu es pour nous et pour moi une femme exceptionnelle. À travers toutes les fonctions que tu as occupées, tes engagements dans la société et dans l’Église sont un témoignage éloquent que tu cherches sans cesse à vivre cette citation de ta fondatrice : « hâter la justice dans l’amour ».

Le 19 octobre 2012

 

Rolande Parrot

A propos Rolande Parrot

Cofondatrice du réseau Femmes et Ministères, Rolande Parrot est au service de l’Église depuis plus de 40 ans, comme journaliste, directrice de la défunte revue « L’Église canadienne », responsable des communications (diocèse de Saint-Jean-Longueuil, Assemblée des évêques catholiques du Québec). Elle est récipiendaire du Prix Marie-Guyart (2008) pour sa fructueuse carrière de communicatrice en Église. Elle est l'auteure de nombreux articles concernant l'Église et la question des femmes en Église.
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