Virage 2000 – Des stratégies pour arriver à l’ordination des femmes dans l’Église catholique

J’imagine que c’est parce que je suis prêtre que j’ai été invitée aujourd’hui comme panéliste.  Dans cet entretien, je vais donc concentrer mes propos sur la question de l’ordination des femmes. Pour répondre à la demande qui m’a été faite, je vais vous présenter trois stratégies et vous exposer quelques faits. Le but du projet Virage 2000 étant d’éliminer la pauvreté et la violence à l’égard des femmes dans l’Église, le fait que les femmes n’ont pas accès aux ministères ordonnés est une forme de discrimination, et la discrimination est une forme de violence.

Ordonnée prêtre il y a 15 ans, j’ai souvent été invitée à parler de cette réalité dans les milieux catholiques. Qu’importe l’endroit où je me trouve, les gens de l’Église catholique me semblent très ouverts à l’accession des femmes au sacerdoce. En plusieurs occasions, j’ai assisté des prêtres catholiques lors de messes, de mariages ou de funérailles; je suis toujours traitée en égale. Cette semaine, j’ai rencontré un couple qui va se marier au mois de juin; le prêtre qui va bénir le mariage est catholique. Comme nous allons présider la messe ensemble, je lui ai demandé ce que je dois faire au moment de la consécration; il m’a répondu que je pourrais être là, à côté de lui, pour concélébrer. Si la même situation s’était présentée dans mon Église, ma réponse aurait été la même. En fin de semaine, en partageant avec des prêtres et des laïques au sujet de l’ordination des femmes, je constate qu’ils sont très ouverts à l’idée. Alors, comment y arriver.

Ma première stratégie passe par l’éducation. Je sais qu’il y a au moins une femme dans cette assemblée qui a une très forte vocation à la prêtrise. Avec sa permission je vais parler d’elle plus tard. J’imagine qu’ici il doit y avoir d’autres femmes qui ont une vocation à la prêtrise. Cela doit être très difficile à vivre, d’après ma propre expérience, je sais que lorsqu’on a une telle vocation, cela ne nous quitte pas jusqu’à ce que notre désir se réalise. Avant ma formation comme prêtre quand j’étais en train de réfléchir à tout ce que cela veut dire, un prêtre m’a dit : « Si Dieu te veut, il va t’avoir ».

L’ordination des femmes dans l’Église catholique ne va pas advenir demain, mais ce que vous pourrez faire demain, c’est de vous inscrire dans les facultés de théologie. Vous pouvez commencer aujourd’hui la formation théologique pour être prêtes à être prêtres quand l’idée sera acceptée. C’est ce qui est arrivé en Angleterre. Je viens de Montréal, mais j’ai habité douze ans en Angleterre. J’étais là dans les années 70 quand le Synode général a dit non à l’ordination des femmes. Vingt ans plus tard, le 22 février 1994, le synode général a dit oui à l’ordination des femmes. Les premières ordinations ont eu lieu en Angleterre le 12 mars 1994, et les premières femmes prêtres ont célébré la messe le 13 mars, le jour de la fête des mères en Angleterre. Ce que je trouve étonnant, c’est qu’il y eu à peu près 1200 femmes qui ont été ordonnées pendant les premiers mois qui ont suivi le vote. 1200 femmes qui, en face du non, ont fait leur formation théologique et pastorale. Elles étaient prêtes pour devenir prêtres lorsque le moment est arrivé. Ce fut la même chose dans le diocèse de Montréal et de Québec avec les premières femmes prêtres. Face au non, mais bien convaincues d’un fort sens de la vocation, elles ont fait leur formation.

La deuxième stratégie que je suggère selon les événements arrivés en Angleterre, c’est de former des groupes de pression avec le seul but d’atteindre l’ordination des femmes dans l’Église catholique. Je connais le travail des membres de Femmes et Ministères, elles font un travail extraordinaire mais leur but est énorme, c’est de tout refaire le monde. Je suggère juste des groupes de pression pour atteindre un seul but. Après le vote négatif en Angleterre, deux groupes se sont formés. Un par les laïques et un autre par des prêtres sympathiques. Le premier s’appelait Mouvement pour l’ordination des femmes MOW, l’autre s’appelait Prêtres pour l’ordination des femmes PQW. Malheureusement, il y avait un troisième groupe, un peu comme vos Real Women. WAOW Women against the ordination of women. Femmes contre l’ordination des femmes. C’était pernicieux. Les deux premiers groupes ont fait avec succès tout ce que font les groupes efficaces : des réunions, des marches, des démonstrations, des lettres, etc. Après le vote positif, ces groupes se sont démantelés. Je trouve que les catholiques sont très progressifs et très déterminés. Je crois qu’ils peuvent atteindre le but d’égalité dans l’Église.

La troisième stratégie est un peu plus difficile. Il faut un évêque qui soit prêt à ordonner les femmes, juste un. Soit par besoin, parce qu’il n’y a pas d’hommes et qu’il faut un évêque, ou bien par conviction, ce qui serait mieux. Vos structures sont différentes de celles de l’Église anglicane. Nous n’avons pas un pape pour nous dire qu’on ne doit même pas parler de l’ordination des femmes; bien que avant les années 70, ce n’était pas permis chez-nous non plus d’ordonner des femmes. Toutefois, la première femme a été ordonnée en Chine le 25 janvier 1944. C’était la Révérende Florence Kim Lee et elle a été ordonnée par l’évêque Ronald face à un grand besoin. Évidemment, c’était un évêque avec une vision. Cette femme diacre avait fait sa formation théologique et elle avait l’autorisation spéciale de célébrer la messe parce qu’il n’y avait pas de prêtre. Ronald pensait que ce serait mieux si elle avait vraiment le titre de prêtre. Le sacrement d’ordination implique l’imposition des mains d’un évêque et la déclaration que la personne est membre des ordres sacrés. C’est un geste simple avec des implications énormes. Mais je crois qu’une fois fait, cela ne peut pas être défait. Il faut un évêque qui a du courage, des convictions !

Un tel évêque a existé à Québec et je porte sa croix qui m’a été donnée par sa femme après sa mort. Il s’appelait Bishop Thimoty Mathews, un de mes meilleurs amis. Il pressentait qu’un jour il y aurait des femmes prêtres dans l’Église anglicane. À Québec, il a demandé à deux femmes, la Révérende Heither Thompson et la Révérende Ruth Mathews, de faire leurs études en vue de la prêtrise. Quand il a procédé aux ordinations, il attendait une protestation mais il n’y en a pas eu. À Montréal, quand la première femme a été ordonnée, l’extraordinaire Révérend Lady James, il y a eu une protestation mais l’évêque a demandé aux « protestateurs » de s’asseoir ou de quitter l’Église.

Maintenant, je vais vous raconter des faits relatifs au passage de l’Église catholique à l’Église anglicane. Dans l’Église anglicane, parmi les trente-trois prêtres actifs dans le diocèse de Québec, il y en a sept qui étaient membres de l’Église catholique auparavant. Une de ce nombre est une femme. Cela représente 21.2%. Récemment, j’ai fait la connaissance d’une femme catholique avec une vocation très forte pour le sacerdoce. Cela fait cinq ans qu’elle a eu cet appel. Elle est retournée à l’université pour atteindre une formation en théologie. Elle a parlé à plusieurs personnes de sa vocation, des laïques et des prêtres. Finalement, les membres du clergé ont recommandé qu’elle approche l’Église anglicane. Elle est venue me voir et après la première entrevue, elle a eu un rendez-vous avec notre évêque. Maintenant, elle a la permission de travailler avec moi. Alors, son pèlerinage vers le sacerdoce se poursuit. C’est un avantage pour l’Église anglicane, mais c’est dommage pour l’Église catholique. J’aimerais terminer en vous présentant madame Johanne Brousseau, si elle veut avoir la gentillesse de se lever, car j’imagine qu’il y aura des gens qui vont aimer lui parler après l’entretien. Merci beaucoup !

J’imagine que c’est parce que je suis prêtre que j’ai été invitée aujourd’hui comme panéliste.  Dans cet entretien, je vais donc concentrer mes propos sur la question de l’ordination des femmes. Pour répondre à la demande qui m’a été faite, je vais vous présenter trois stratégies et vous exposer quelques faits. Le but du projet Virage 2000 étant d’éliminer la pauvreté et la violence à l’égard des femmes dans l’Église, le fait que les femmes n’ont pas accès aux ministères ordonnés est une forme de discrimination, et la discrimination est une forme de violence.

Ordonnée prêtre il y a 15 ans, j’ai souvent été invitée à parler de cette réalité dans les milieux catholiques. Qu’importe l’endroit où je me trouve, les gens de l’Église catholique me semblent très ouverts à l’accession des femmes au sacerdoce. En plusieurs occasions, j’ai assisté des prêtres catholiques lors de messes, de mariages ou de funérailles; je suis toujours traitée en égale. Cette semaine, j’ai rencontré un couple qui va se marier au mois de juin; le prêtre qui va bénir le mariage est catholique. Comme nous allons présider la messe ensemble, je lui ai demandé ce que je dois faire au moment de la consécration; il m’a répondu que je pourrais être là, à côté de lui, pour concélébrer. Si la même situation s’était présentée dans mon Église, ma réponse aurait été la même. En fin de semaine, en partageant avec des prêtres et des laïques au sujet de l’ordination des femmes, je constate qu’ils sont très ouverts à l’idée. Alors, comment y arriver.

Ma première stratégie passe par l’éducation. Je sais qu’il y a au moins une femme dans cette assemblée qui a une très forte vocation à la prêtrise. Avec sa permission je vais parler d’elle plus tard. J’imagine qu’ici il doit y avoir d’autres femmes qui ont une vocation à la prêtrise. Cela doit être très difficile à vivre, d’après ma propre expérience, je sais que lorsqu’on a une telle vocation, cela ne nous quitte pas jusqu’à ce que notre désir se réalise. Avant ma formation comme prêtre quand j’étais en train de réfléchir à tout ce que cela veut dire, un prêtre m’a dit : « Si Dieu te veut, il va t’avoir ».

L’ordination des femmes dans l’Église catholique ne va pas advenir demain, mais ce que vous pourrez faire demain, c’est de vous inscrire dans les facultés de théologie. Vous pouvez commencer aujourd’hui la formation théologique pour être prêtes à être prêtres quand l’idée sera acceptée. C’est ce qui est arrivé en Angleterre. Je viens de Montréal, mais j’ai habité douze ans en Angleterre. J’étais là dans les années 70 quand le Synode général a dit non à l’ordination des femmes. Vingt ans plus tard, le 22 février 1994, le synode général a dit oui à l’ordination des femmes. Les premières ordinations ont eu lieu en Angleterre le 12 mars 1994, et les premières femmes prêtres ont célébré la messe le 13 mars, le jour de la fête des mères en Angleterre. Ce que je trouve étonnant, c’est qu’il y eu à peu près 1200 femmes qui ont été ordonnées pendant les premiers mois qui ont suivi le vote. 1200 femmes qui, en face du non, ont fait leur formation théologique et pastorale. Elles étaient prêtes pour devenir prêtres lorsque le moment est arrivé. Ce fut la même chose dans le diocèse de Montréal et de Québec avec les premières femmes prêtres. Face au non, mais bien convaincues d’un fort sens de la vocation, elles ont fait leur formation.

La deuxième stratégie que je suggère selon les événements arrivés en Angleterre, c’est de former des groupes de pression avec le seul but d’atteindre l’ordination des femmes dans l’Église catholique. Je connais le travail des membres de Femmes et Ministères, elles font un travail extraordinaire mais leur but est énorme, c’est de tout refaire le monde. Je suggère juste des groupes de pression pour atteindre un seul but. Après le vote négatif en Angleterre, deux groupes se sont formés. Un par les laïques et un autre par des prêtres sympathiques. Le premier s’appelait Mouvement pour l’ordination des femmes MOW, l’autre s’appelait Prêtres pour l’ordination des femmes PQW. Malheureusement, il y avait un troisième groupe, un peu comme vos Real Women. WAOW Women against the ordination of women. Femmes contre l’ordination des femmes. C’était pernicieux. Les deux premiers groupes ont fait avec succès tout ce que font les groupes efficaces : des réunions, des marches, des démonstrations, des lettres, etc. Après le vote positif, ces groupes se sont démantelés. Je trouve que les catholiques sont très progressifs et très déterminés. Je crois qu’ils peuvent atteindre le but d’égalité dans l’Église.

La troisième stratégie est un peu plus difficile. Il faut un évêque qui soit prêt à ordonner les femmes, juste un. Soit par besoin, parce qu’il n’y a pas d’hommes et qu’il faut un évêque, ou bien par conviction, ce qui serait mieux. Vos structures sont différentes de celles de l’Église anglicane. Nous n’avons pas un pape pour nous dire qu’on ne doit même pas parler de l’ordination des femmes; bien que avant les années 70, ce n’était pas permis chez-nous non plus d’ordonner des femmes. Toutefois, la première femme a été ordonnée en Chine le 25 janvier 1944. C’était la Révérende Florence Kim Lee et elle a été ordonnée par l’évêque Ronald face à un grand besoin. Évidemment, c’était un évêque avec une vision. Cette femme diacre avait fait sa formation théologique et elle avait l’autorisation spéciale de célébrer la messe parce qu’il n’y avait pas de prêtre. Ronald pensait que ce serait mieux si elle avait vraiment le titre de prêtre. Le sacrement d’ordination implique l’imposition des mains d’un évêque et la déclaration que la personne est membre des ordres sacrés. C’est un geste simple avec des implications énormes. Mais je crois qu’une fois fait, cela ne peut pas être défait. Il faut un évêque qui a du courage, des convictions !

Un tel évêque a existé à Québec et je porte sa croix qui m’a été donnée par sa femme après sa mort. Il s’appelait Bishop Thimoty Mathews, un de mes meilleurs amis. Il pressentait qu’un jour il y aurait des femmes prêtres dans l’Église anglicane. À Québec, il a demandé à deux femmes, la Révérende Heither Thompson et la Révérende Ruth Mathews, de faire leurs études en vue de la prêtrise. Quand il a procédé aux ordinations, il attendait une protestation mais il n’y en a pas eu. À Montréal, quand la première femme a été ordonnée, l’extraordinaire Révérend Lady James, il y a eu une protestation mais l’évêque a demandé aux « protestateurs » de s’asseoir ou de quitter l’Église.

Maintenant, je vais vous raconter des faits relatifs au passage de l’Église catholique à l’Église anglicane. Dans l’Église anglicane, parmi les trente-trois prêtres actifs dans le diocèse de Québec, il y en a sept qui étaient membres de l’Église catholique auparavant. Une de ce nombre est une femme. Cela représente 21.2%. Récemment, j’ai fait la connaissance d’une femme catholique avec une vocation très forte pour le sacerdoce. Cela fait cinq ans qu’elle a eu cet appel. Elle est retournée à l’université pour atteindre une formation en théologie. Elle a parlé à plusieurs personnes de sa vocation, des laïques et des prêtres. Finalement, les membres du clergé ont recommandé qu’elle approche l’Église anglicane. Elle est venue me voir et après la première entrevue, elle a eu un rendez-vous avec notre évêque. Maintenant, elle a la permission de travailler avec moi. Alors, son pèlerinage vers le sacerdoce se poursuit. C’est un avantage pour l’Église anglicane, mais c’est dommage pour l’Église catholique. J’aimerais terminer en vous présentant madame Johanne Brousseau, si elle veut avoir la gentillesse de se lever, car j’imagine qu’il y aura des gens qui vont aimer lui parler après l’entretien. Merci beaucoup !

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