Une semaine dans la vie d’une agente de pastorale

Danièle de LorimierLa semaine « normale », pour moi, devrait être faite de six demi-journées qui se déroulent comme prévu, sans rendez-vous annulés, sans réunions importantes convoquées à la dernière minute, sans formation obligatoire du diocèse, sans journée pédagogique. Il me semble que depuis que j’exerce cette profession, très peu de semaines se sont déroulées comme je les avais planifiées.., malgré le cadre que je me suis donné. Les heures d’arrivée en fin de matinée et le retour à la maison en soirée, de même que l’horaire des catéchèses pour les enfants et le temps alloué aux réunions hebdomadaires sont routiniers. Mais pour le reste, je dois souvent improviser au hasard des rencontres que je fais et des projets que j’entreprends. Je suis une présence, disponible trois après-midis par semaine et active toutes les fins de semaines à la paroisse Saint-Etienne.

Les lundis sont consacrés à la préparation des animations et des réunions prévues dans la semaine. Je reste à la maison. Je prépare la soupe des «dîners catéchèse», le contenu des rencontres, le matériel et les annonces du semainier paroissial. Trois fois par semaine, j’accompagne à l’heure du dîner des petits groupes d’enfants de 5 à 11 ans qui vont à l’école d’à côté. J’anime une célébration de la Parole toutes les deux semaines ainsi que le partage de l’évangile un dimanche sur deux. Les mardis, mercredis et jeudis, je quitte la maison à 10 h 30 après une période de mise en forme physique et spirituelle et après avoir mis la maison en ordre. C’est bien, l’heure de pointe est terminée. Je profite du trajet pour écouter de la musique classique ou une conférence de Jean Vanier dont je collectionne les CDs.

Arrivée à la paroisse Saint-Etienne, sur l’avenue Christophe Colomb, je dis bonjour à tout le monde avec un «Comment ça va?» sincère, et c’est reparti jusqu’à 18 h. Je dresse la table dans la cuisine, qui est aussi la salle de réunion du conseil de Fabrique et du groupe porteur de la communauté chrétienne dont je suis la coordonnatrice. Je réchauffe la soupe préparée la veille et je mets la table. À 11 h 25, je vais chercher les enfants. Ils viennent se faire raconter «Jésus et le Règne de Dieu» en mangeant. Le reste de l’heure est consacrée à une activité d’intégration et à l’initiation à la prière. À 12 h 55, je les reconduis à l’école… à temps pour la première cloche. De retour au bureau à 13 h, commence pour moi l’étape, communication et rencontres.

Je dépouille le courrier, fais le suivi de ce qui concerne la pastorale et classe le reste pour la comptable. Je réponds aux courriels et retourne les appels enregistrés sur la boîte vocale. Ma porte est toujours entrouverte. Ceux qui passent s’arrêtent, me font un signe de la main ou entrent pour jaser. Après avoir discuté de la température trop froide, de la santé qui s’en va et des personnes disparues, on en vient à parler des enfants devenus grands et qu’on ne voit pas souvent et des petits-enfants qu’on aime tant et pour lesquels on est inquiet. On se raconte, on se dit, entre bons voisins que nous sommes et qui s’apprécient. D’autres viennent pour échanger sur la religion et les différentes façons de croire, le fonctionnement de la paroisse et l’entretien des lieux. Les locaux de la paroisse Saint-Etienne ont ceci de particulier qu’ils font partie d’un groupe d’habitations pour personnes retraitées. La salle communautaire est fréquentée tous les après-midis par des gens du quartier qui se joignent aux résidents et qui participent avec eux à toutes sortes d’activités. Les mardis, mercredis et jeudis, ça circule sans arrêt jusqu’à 15 h.

Pour moi, c’est l’heure de préparer la célébration de la Parole que j’anime à 16 h une semaine sur deux. Un prêtre vient à tous les deux mardis pour dire la messe. Il est présent également toutes les fins de semaine pour les célébrations dominicales. Il n’y a pas de curé à Saint-Etienne et le responsable de la paroisse a aussi une autre paroisse à gérer, plus grosse et plus compliquée. Donc, j’ouvre la chapelle, j’allume les bougies et pose une Bible sur la table. Je mets une musique douce et choisis le chant d’accompagnement. Trois à sept personnes viennent se joindre à moi pour prier et célébrer. À 17 h, je range tout sans perdre de temps pour mettre en place le matériel dont j’aurai besoin le lendemain dans la salle de réunion. La chapelle reste ouverte à la disposition de ceux et celles qui cherchent un lieu tranquille pour se recueillir. Pendant ce temps, je m’organise. Parfois je dois interrompre mes élans créatifs parce que le téléphone sonne. Les citoyens actifs du quartier viennent de rentrer du travail. Ils ont besoin d’information pour un baptême, un mariage ou l’initiation chrétienne des jeunes. Puis il y a cette catéchète qui veut des conseils et qui n’a pas pu me rejoindre plus tôt parce qu’elle travaille de 9 h à 5 h.

À 18 h j’arrête tout, la boîte vocale va prendre la relève. Je ferme et je quitte ou… je reste. Une fois par semaine je prends mon repas du soir sur place. Car à 19 h 15, il y a une réunion de liturgie, une rencontre du groupe porteur de la pastorale sociale ou un C.A. auquel je dois assister. D’autres fois, c’est l’animation d’un groupe de jeunes parents qui viennent préparer le baptême de leur enfant qui me retient ou c’est la préparation d’un groupe d’adolescents qui demandent à être confirmés. Je n’ai pas le temps de retourner à la maison. Les réunions du soir se terminent généralement à 20 h 30. On dit à la blague que l’Esprit Saint va se coucher à 21 h et qu’Il nous invite à en faire autant. Quelle bonne idée! Je quitte les lieux après avoir tout vérifié.., sécurité oblige.

Chez moi, à Notre‑Dame‑de‑Grâce, je retrouve mon mari et mes chats. Nos trois garçons sont des adultes, ils ont quitté la maison. Après avoir pris des nouvelles de mon époux, je me détends en regardant un de mes téléromans préférés qui s’est enregistré pendant mon absence. Je vais au lit tout de suite après, car je dois me lever tôt le lendemain. En fait, le vendredi est mon seul vrai jour de congé. J’en profite pour me reposer. L’ordinateur reste fermé, je prends des nouvelles de la famille et je m’occupe de la maison.

Le samedi matin, je me réveille à 7 h 30 afin d’écouter «Parole au présent» à Radio Ville Marie. Les commentaires d’André MYR me sont d’un grand secours pour préparer le partage de l’évangile du dimanche. Il m’arrive aussi d’aller au bureau pour rencontrer des adultes qui veulent être confirmés, pour une réunion de catéchètes ou pour l’initiation sacramentelle des enfants quand la présence des parents est requise. Tous les samedis après-midi à 16 h et le dimanche à 10 h 30, je suis au poste pour faire l’animation de nos célébrations dominicales. J’arrive tôt le dimanche matin afin d’aller prendre le pouls de la catéchèse qui se déroule dans une des paroisses voisines, pour apporter du matériel, pour rencontrer les parents et le prêtre responsable. Ou encore, je vais directement à ma paroisse pour organiser, avec l’aide de quelques bénévoles, le petit‑déjeuner‑rencontre du groupe porteur de la paroisse Saint-Etienne.

Ainsi se passent mes semaines d’un dimanche à l’autre. Je ne recherche pas la performance. Je laisse à Dieu la part qui lui revient. Et quand je sens la fatigue s’installer, je me fais remplacer là où c’est possible, je reporte ce qui peut être reporté, je prends un cours de 15 heures à l’Institut de pastorale ou quelques jours de congé en compensation pour les jours de congé que je n’ai pas pris. En principe j’ai droit à deux jours consécutifs par semaine, mais je n’ai jamais pu les prendre.

Quand on me demande ce qui motive mon travail en paroisse, je réponds que je ne peux pas résister au mystère. C’est comme un voyage sans itinéraire précis. Chaque rencontre est une contrée à découvrir. Les contrariétés sont des défis qui me font grandir dans la foi. Je ne regrette pas les fins de semaines décousues, ni les avantages du travail que j’ai quitté avant de m’aventurer dans cette voie. Ce que j’ai reçu, ces vingt cinq dernières années, et ce que je reçois encore tous les jours, est inestimable.

Revue L’essentiel, Vol.11, n 1 – printemps 2015
Bulletin de la fondation du Collège universitaire dominicains

Article publié avec les permissions requises

Les derniers articles par Danièle de Lorimier (tout voir)

A propos Danièle de Lorimier

Danièle de Lorimier est agente de pastorale et répondante des services à l’enfance, Communauté chrétienne Saint-Étienne (Montréal)
Ce contenu a été publié dans Témoignages. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.