Femmes artisanes de paix – Recension

Femmes artisanes de paixDaviau, Pierrette (Dir), (2013). Femmes artisanes de paix. Des profils à découvrir. Montréal : Éditions Médiaspaul. 285 p.
Recension par Pauline Jacob

Pierrette Daviau, théologienne féministe et cofondatrice du Centre « Femmes et traditions chrétiennes » de l’Université Saint-Paul d’Ottawa, offre, à travers la plume de douze chercheures de ce Centre, une tribune à des artisanes de paix peu connues du grand public. Elle nous présente en premier lieu les objectifs du colloque à l’origine de cette publications, les grands axes autour desquels les textes sont regroupés et un court résumé de chaque article.

L’éventail des expériences relatées met sur la sellette dix personnes ou groupes en lien avec la construction de la paix au quotidien. Nous faisons d’abord la connaissance de deux activistes audacieuses et courageuses : Sophie Scholl, une jeune Allemande, ayant résisté au prix de sa vie à la montée du nazisme et une Canadienne, Eva Sanderson, ayant travaillé très activement à la promotion de la paix après la deuxième guerre mondiale, entre autres à travers sa lutte au désarmement nucléaire. Dans un deuxième temps, nous sommes mis en présence de quatre groupes de militantes : les « Soeurs par l’esprit », organisation canadienne au service des femmes autochtones disparues ou assassinées et de celles qui leur survivent; des regroupements de femmes du Chili, « accoucheuse de la vie », à l’oeuvre dans les années 1980 pour contrer la dictature de Pinochet; l’ONG, PACT-Ottawa, luttant contre l’esclavage contemporain et le trafic humain; la Communauté internationale bahá‘ie et sa contribution énorme à l’avancement des femmes. Puis nous rencontrons deux religieuses au service de la paix : Cecilia Byie, à l’origine du groupe Mama boboto [Mamans pour la paix], aujourd’hui Paix-Justice en République démocratique du Congo et Jeanne Devos, engagée en Inde depuis plus de trente an et fondatrice du National Domestic Workers Movement [Mouvement des travailleuses domestiques]. La dernière partie met en évidence le lien entre la paix et la spiritualité à travers la présentation de deux expériences : le mouvement international CODEPINK, originaire des États-Unis, qui offre des façons originales de faire face aux conflits, aux guerres et le travail d’accompagnement de Catherine Garrett, sociologue australienne, pour venir en aide aux personnes aux prises avec des problèmes d’anorexie. Ces personnes et ces groupes constituent une excellente brochette d’agentes oeuvrant à la base de façon originale pour la promotion et la construction de la paix.

Il est intéressant de voir, à travers les pratiques très diversifiées qui nous sont communiquées, l’importance accordée tant aux expériences relatées qu’à leur analyse. S’y retrouvent bien présentées les préoccupations des théologiennes du Centre « Femmes et traditions chrétiennes ». Chaque article mériterait, par la richesse de son contenu, non seulement un résumé, mais des commentaires et des réflexions plus poussées. Et on ne peut passer sous silence le dessin tout en finesse de la page couverture réalisé par Claudette Danis. Il traduit merveilleusement bien l’essence même de ce livre.

Je me permets de faire ressortir le texte « Soeurs par l’esprit : consolider la paix par l’art de « re-conter«  nos histoires ». Joëlle Morgan montre comment ce groupe donne la parole aux femmes autochtones touchées par la disparition ou l’assassinat de l’une ou l’autre de leurs sœurs. La reconstruction et la transmission de leurs histoires leur permettent d’entrer dans un processus de guérison et, par là, ouvre à une paix possible. Ce texte permet de prendre conscience de la richesse des récits de vie quand ils sont utilisés de façon adéquate.

Femmes artisanes de paix nous apporte une diversité de témoignages à travers lesquels transpirent le courage de plusieurs individus et groupes ayant la spiritualité comme moteur d’action. La mise en récit de ces différentes expériences constitue un bel instrument pour sensibiliser au rôle proactif des femmes dans la construction de la paix. Souhaitons qu’elles en inspirent d’autres.

Pauline Jacob, Asbestos
13 janvier 2014

Jacob Pauline
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A propos Jacob Pauline

Responsable du site du réseau Femmes et Ministères de 2007 à 2024, Pauline Jacob, théologienne féministe, poursuit depuis plus de 25 ans des recherches sur l'ordination des femmes dans l’Église catholique. Elle détient un Ph. D. en théologie pratique et une maîtrise en psychoéducation de l’Université de Montréal. Autrice d'« Appelées aux ministères ordonnés » (Novalis, 2007) et coautrice de « L’ordination des femmes » (Médiaspaul, 2011), elle a à son actif plusieurs articles.
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